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Les émotions de votre chien

Transcription

Bonjour et bienvenue sur K9 Woof You, le podcast de K9 Voice. Je suis Ingrid, consultante en comportement canin, et aujourd'hui je vais vous parler de ce que votre chien ressent. Les chiens sont reconnus comme étant des êtres sentients, c’est-à-dire comme étant capables de ressentir des émotions, de la douleur, de percevoir subjectivement certaines expériences.

 

Des émotions, oui, tout comme vous et moi. Ceci étant, toutes ne sont pas encore reconnues et admises chez le chien.

Et si on commençait par savoir ce qu’est vraiment une émotion. Quand vous faites face à une situation, que vous ressentez quelque chose brièvement, que votre corps a des réactions, on peut parler d’émotion. Retenez bien ça : brèves et physiologiques. Les émotions ne s’éternisent pas. Elles engendrent des réactions de la part de votre corps, sans que vous ne puissiez les contrôler. Par exemple... ben, la chair de poule, l’accélération de votre rythme cardiaque, les mains moites. Votre chien, lui, peut avoir le poil qui se hérisse, haleter plus qu’à son habitude, sursauter, saliver, avoir les pupilles qui se dilatent.

Si ce qu’on ressent s’installe dans le temps, on parlera alors de sentiment. C’est là que s’établit une des différences par exemple entre la peur et l’anxiété.

 

On est sûrs que les chiens ressentent les six émotions primaires. Pourquoi primaires ? Parce qu’elles ne dépendent pas d’un apprentissage, qu’il soit culturel ou familial, et qu’elles ne résultent pas de la combinaison d’autres émotions.

Il s’agit : de la peur, de la colère, de la tristesse, de la joie, du dégoût, et de la surprise.

Chaque émotion a sa propre fonction, sa propre motivation à être générée.

 

Avoir peur est salutaire. Sans peur, on ne survit pas. Pourquoi ? Parce qu’on n’évalue pas le danger face auquel on se trouve, qu’on n’y est indifférent, et qu’on risque d’être blessé ou pire. La problématique se pose si votre chien a peur de maints éléments qui sont dans son environnement, et surtout s’il ne parvient pas à passer outre.

Quand un chien a peur, il peut opter pour diverses stratégies. S’enfuir : il va alors à l’opposé de là où se trouve ce qu’il estime être une menace. Donc, si vous, vous êtes à côté, cela peut être un effort pour lui de se rapprocher de vous. Il peut être tétanisé : il devient alors une statue. Ses muscles sont tendus. Sa respiration semble à l’arrêt. Son regard est figé. Je l’ai vu chez une chienne en refuge à laquelle nous faisions des soins dermatologiques. Une tornade serait passée, nous, nous partions en l’air, elle, elle restait. Elle était enracinée sur la table, son regard vide. Votre chien peut aussi opter pour la devise « L’attaque est la meilleure des défenses » : même si un chien montre un comportement hostile, même s’il se montre impressionnant physiquement et vocalement, si son intention est d’éloigner un élément, de le mettre en fuite, que son langage corporel montre des signes de crainte, alors il s’agit en fait de peur. À un niveau de crainte moins intense, il peut aussi opter pour faire semblant de faire un comportement. Visualisez votre chien le nez au sol, mais vous n’entendez pas ce petit son caractéristique de quand il renifle, et, surtout, vous voyez son regard dirigé vers un élément que vous savez ne pas le mettre à l’aise. Une fois cet élément passé, votre chien reprend sa vie normalement. Il peut aussi faire semblant d’uriner, de se gratter, de manger quelque chose.

 

La colère. Elle n’est pas toujours exprimée par de l’énervement. Chez votre chien, ce n’est pas parce qu’il ne grogne pas, qu’il ne montre pas les dents, qu’il n’est pas en colère. L’objectif de la colère est de transformer une situation. Lorsque j’étais adolescente, il m’a été reporté que le principal du collège où j’étais considérait que je ne passais au lycée qu’à cause d’une politique de quota. Cela m’a déplu et en même temps boostée : j’ai changé sa prédiction de mon échec à venir en réussites.

Pour votre chien, cela peut se manifester par l’ouverture du sachet de croquettes après qu’il vous ait montré sa gamelle et que vous ayez refusé de le nourrir dans l’immédiat.

 

Ce n’est pas que dans le langage corporel de votre chien que vous pouvez décrypter ses émotions, mais aussi, et parfois avant tout, dans ses motivations.

 

La tristesse est ressentie car un besoin n’est pas assouvi. Être dépourvu ou ne pas être contenté amène à faire face à une perte. Un chien qui est séparé de ses êtres d’attachement exprime de la tristesse. Un chien qui est en deuil exprime de la tristesse. Si votre chien ne chouine pas, il peut néanmoins être triste s’il manque de motivations à des activités qu’il apprécie pourtant, s’il refuse son plat préféré, s’il se montre apathique, s’il garde son corps bas dans la moindre interaction.

 

Inversement, la joie est ressentie car un besoin est assouvi. Elle est ressentie lorsqu’on est doté de quelque chose, ou même l’anticipation d’être doté de quelque chose. Cela amène à accepter cet apport, à le partager, à créer et ou accentuer des liens sociaux.

Si votre chien est content de vous revoir quand vous rentrez du travail, il se dandine, il fait peut-être quelques gouttes de pipi, il remue la queue, il pleure doucement, il vous amène ses jouets, il vous saute dessus, il vous lèche. Il ne reste pas dans son panier et lève vaguement la tête ; il vient à vous. S’il est ravi quand vous prenez sa laisse en main, il vient à vous ou se prépare ardemment au plus près de la porte, se montrant davantage coopératif. La joie amène à vivre un moment, un événement, à plusieurs.

S’il court à travers une prairie, sautillant, bondissant, reniflant, la gueule ouverte, les muscles détendus, ses mouvements amples et souples, votre chien est en train d’alléger son organisme grâce à la joie qu’il ressent.

 

Concernant le dégoût, on va d’ores-et-déjà mettre les choses au clair : les chiens et nous ne le percevons pas de la même façon. De base, le dégoût nous protège contre des poisons, que ce soit visuel, olfactif ou gustatif ; le rejet qu’on exprime vis-à-vis d’un élément nous maintient en vie.

La problématique est que les chiens n’ont pas les mêmes capacités physiques que nous. Commençons par le goût. C’est nous qui gagnons ! Ils sont très limités en papilles. Ils vont plus se concentrer sur la texture que sur le goût lui-même. Visuellement, ils sont myopes et ne perçoivent pas les couleurs dans le spectre du rouge. Même si votre chien perçoit bien les mouvements, il lui est peut-être arrivé de vous aboyer dessus et de s’arrêter net quand il vous a identifié.

Du point de vue olfactif, ce sont des machines ultra-perfectionnées. Et je suis persuadée qu’on n’a pas encore connaissance des capacités complètes de leur système. Ils peuvent prédire une crise de diabète avec leur odorat ; déceler des objects qui ont été cachés et retirés des heures auparavant.

Après, ceci étant, tout comme chez les humains, il va y avoir des individualités : certains chiens adorent se rouler dans le crottin de cheval, d’autres sautiller dans la boue, d’autres préfèrent un lit tout moelleux. Il n’est donc pas à s’étonner, mais à superviser quand même, quand votre chien se régale de se frotter le dos sur des cadavres de poisson, ou prendre à pleine gueule des crottes d’humains (miam!).

 

Quant à la surprise, je suis gênée de la placer dans les émotions. Pour moi, il s’agit d’une pré-émotion, car elle en précède très souvent une autre. La surprise prépare l’organisme à ce qui suit alors qu’un événement inattendu survient. Prenons un exemple concret : vous être détendu, en train de lire en étant bien captivé. Je surgis derrière vous et vous sursautez ! Votre rythme cardiaque s’est momentanément accéléré, vos muscles se sont tendus, votre respiration a été coupée un bref instant. Et c’est là que vous allez commencer à évaluer la situation. Selon l’expérience que vous vivez, votre ressenti sera positif, neutre, ou négatif. Disons que je vous surprenne, juste après, je dépose un billet de 50 euros ; ultérieurement, je réitère, vous re-sursautez, et je vous dépose un autre billet de 50 euros. Au fur et à mesure, l’émotion que vous allez ressentir après la surprise, à moins que vous éprouviez une aversion envers les billets de 50 euros, devrait plutôt être positive. Vous devriez plutôt sourire avant même que j’ai pris le billet en main et vous l’ai déposé. Maintenant disons que je vous surprenne, et que juste après je vous pince ; ultérieurement, je réitère, vous re-sursautez, et je vous pince de nouveau. Au fur et à mesure, l’émotion que vous allez ressentir après la surprise, à moins que vous soyez masochiste, devrait plutôt être négative. Vous devriez plutôt chercher à m’éviter ou à me repousser.

 

Une fois qu’on a passé en revue les six émotions primaires, est-il possible que votre chien en ressente d’autres ? Par-fai-te-ment ! Même s’il demeure des doutes sur certaines, il est assurément possible d’attribuer d’autres émotions à votre chien. Il est fort probable par contre que toutes celles ressenties par les humains ne leur soient pas accessibles, car elles impliquent un système cognitif plus complexe.

 

Est-ce que votre chien peut ressentir de l’ennui ? Oui, je n’émettrai aucun doute. Certains chiens comblent d’ailleurs un manque d’activité qui correspondrait à leur énergie, à leur besoin en dépenses mentales et/ou physiques, par des comportements indésirables, tels que détruire, aboyer, être apathique, refuser d’obéir.

 

Est-ce que votre chien peut ressentir de l’intérêt ? Là encore, je vais répondre par l’affirmative. Un chien auquel on présente un nouvel object, et, qui va l’examiner, est un chien qui fait preuve de curiosité et qui a donc ressenti un intérêt pour cet object.

 

Est-ce que votre chien peut ressentir de l’excitation? Euh… Aboiements, sauts, latence accrue avant un retour au calme, zoomies, font partie des comportements qu’il est possible d’observer chez un chien excité.

 

Est-ce que votre chien peut ressentir du désir sexuel ? Si votre chien a encore tout son matériel biologique, il peut être pris par des envies d’accouplement. Il peut aussi simplement prendre du plaisir sans chercher à se reproduire ; et là, que votre chien soit castré ou stérilisé, il peut aussi en profiter. Cela peut se manifester par exemples par des chevauchements, par des léchages de sa zone, par des érections, par des pleurs pour rejoindre l’individu qui a laissé certaines odeurs.

 

Est-ce que votre chien peut ressentir de la culpabilité ? Alors, cette question est pas mal débattue, sans avoir aujourd’hui encore de réponse définitive. À ce jour, ce dont nous sommes sûrs est que si votre chien réagit en baissant la tête, en faisant les yeux doux, en montrant le blanc de son œil, en remuant doucement la queue et la mettant basse, en se cachant, en vous évitant, c’est, pour lui, une stratégie pour se dérober à votre propre réaction. Des tests ont été faits pendant lesquels une saucisse était proposée à un chien, son maître lui ordonnait de la laisser, or, après être sorti, l’expérimentateur incitait le chien à la manger ; ce qui contrariait le maître à son retour car le chien lui avait désobéi. Lors de l’exercice suivant, l’expérimentateur a extrait la saucisse ; or le chien a quand même montré une réaction prostrée. Dans le 2nd exercice, il n’avait pourtant pas désobéi. Ce qui a été mis en lumière est qu’il a associé l’énervement de son maître à l’absence de la saucisse, et non au fait qu’il l’avait mangée. On retrouve ça chez les chiots qui sont grondés quand ils ont déféqué et que les maîtres réagissent avec une latence parfois de même seulement 30 secondes. Les chiots considèrent qu’un caca visible transforme leur maître en être hostile ; ils ont donc tendance à faire derrière des meubles ou à manger les excréments, même si ce ne sont pas les leurs.

 

D’autres émotions peuvent apparaître chez le chien : la frustration, la jalousie.

 

Il est important de garder à l’esprit que les chiens sont quand même des êtres complexes. Il peut être tout à fait possible de ne pas pouvoir identifier une émotion car elle n’est pas exprimée de façon ostentatoire.

Vous pouvez aussi avoir un chien qui ressent un conflit. Je peux le voir avec des chiens gourmands mais mal à l’aise avec l’humain : ils trépignent pour approcher et prennent la friandise en conservant leurs pattes arrière le plus en retrait possible.

Un mix d’émotions peut aussi se produire : votre chien est excité et en colère, ou ressent de l’intérêt et de la joie.

Je vais aussi évoquer le niveau de l’état émotionnel. La valence indique la qualité de l’émotion : est-elle positive ou négative ? La joie ou de la tristesse. Le niveau d’éveil, l’état émotionnel, indique la qualité de l’énergie déployée par le chien à exprimer cette émotion. Un chien apathique et content aura une valence positive et un niveau d’éveil bas. Un chien en colère et énergique aura une valence négative et un niveau d’éveil élevé.

Vous l’avez compris, les émotions chez le chien forment un univers plein de ressentis, de visible et de non-perceptible.

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